Les pucerons

Verts, gris, noirs du cerisier, lanigères… autant d’espèces différentes de ces petits insectes piqueurs, les pucerons. Malgré leur petite taille, il est facile de les repérer : feuilles recroquevillées, présence de fourmis, mues nombreuses. Quels dégâts engendrent-ils ? Qui sont ses prédateurs ? Quels moyens de lutte ? Faisons le point sur les pucerons.

Biologie des pucerons

Ces espèces n’occasionnent pas toutes les mêmes dégâts sur les arbres fruitiers, mais leur biologie et les moyens de lutte sont sensiblement identiques. Face à de nombreux prédateurs, la stratégie du puceron consiste à se reproduire très vite et de manière exponentielle.

Les pucerons sont des insectes « piqueurs/suceurs ». Ils se nourrissent de la sève élaborée du végétal au niveau des feuilles et des jeunes rameaux. Les excrétions rejetées par le puceron sont très riches en sucre, on les appelle le miellat. C’est ce produit qui intéresse tant les fourmis (ou les abeilles qui transforment en miel le miellat des pucerons des sapins) et qui peut permettre le développement d’une maladie fongique, la fumagine.

Dans une population de pucerons, on rencontre :

  • Des individus aptères (sans aile) qui assurent la pérennité de l’espèce en se reproduisant très vite.
  • Des individus ailés qui, par une reproduction sexuée, assurent un brassage génétique, une capacité d’adaptation. La possibilité de voler leur permet aussi de migrer vers d’autres plantes.

Exemple du puceron cendré (Dysaphis plataginea)

Ce puceron passe l’hiver sous forme de petit œuf, noir, brillant situé à la base de la pousse de l’année. L’éclosion se passe en avril. Les larves se développent alors sur de jeunes bourgeons de pommiers en fondatrice aptère (sans aile). Elles se reproduisent par parthénogénèse (sans fécondation sexuelle), chaque fondatrice pouvant donner jusqu’à une centaine de descendants.

De mai jusqu’à juin, 2 à 3 générations se succèdent dont une part de plus en plus importante de la descendance est ailée. Les pucerons ailés vont alors voler vers un hôte secondaire, un plantain. Pendant l’été, les pucerons poursuivent leur reproduction. A l’automne, on retrouve des pucerons ailés. On observe cette fois des mâles en plus des femelles. Ces pucerons retournent sur le pommier, s’y accouplent, et les femelles y pondront leurs œufs hivernants.

Les dégâts occasionnés

Les feuilles se gaufrent, se déforment et s’enroulent avant de jaunir ; les jeunes rameaux et les fruits se déforment également ; ces derniers resteront petits et bosselés. Le puceron rejette un miellat qui favorise le développement de fumagine (moisissures noirâtres), et qui intéresse beaucoup les fourmis. Celles-ci visitent régulièrement leurs “troupeaux”, accélèrent leur colonisation de l’arbre, stimulent la production de miellat, et protègent les pucerons de leurs ennemis naturels, favorisant ainsi leur prolifération.

Quelques prédateurs naturels des pucerons

Coccinelles (Larve et adulte prédateurs)

Syrphes (seule la larve est prédatrice)

Chrysopes (seule la larve est prédatrice)

Et aussi : forficules (pince-oreille), guèpes parasitoïdes (aphidius), araignées, larve des Cécidomyies du puceron, mésanges…
Les prédateurs des pucerons sont très nombreux. Si vous observez leur présence en nombre, inutile d’envisager un traitement insecticide.

Les moyens de lutte

  •  Choisir des variétés présentant des résistances
  •  Eviter les excès de fertilisations azotées qui rendent les tissus de la plante très tendres et donc très attractifs pour les pucerons.
  • Empêcher l’accès à l’arbre aux fourmis qui protègent et stimulent l’activité des pucerons. On utilise de la glu pour bloquer le passage des fourmis. Il faut éviter de l’appliquer directement sur le tronc de l’arbre au risque de « brûler » les jeunes écorces. On peut soit acheter des bandes engluées prêtes à l’usage (avec un seul côté englué), soit appliquer de la glu sur un morceau de tissu de 15 cm de haut enserré autour du tronc. Attention à ce que le tuteur ne permette pas une déviation aux fourmis.
    L’opération doit être renouvelée si les fourmis engluées forment un pont pour leurs congénères ou si la glu perd de son efficacité.
  •  Favoriser la présence de prédateurs, redoutables régulateurs des populations de pucerons :
    •  Création/maintien d’une haie variée, des bandes florales, une zone de fauche tardive dans lesquelles ces auxiliaires trouveront refuge et nourriture.
    •  Fauche de l’herbe à au moins 10 cm de hauteur.
    •  Installation d’hôtels à insectes adaptés à ces auxiliaires, de tas de pierres, de tas branches, etc.
    •   Interdiction de tout insecticide non sélectif (même naturel) après la floraison des arbres.
  •  Et si la situation l’exige vraiment (par exemple sur des scions greffés de l’année), des traitements sont possibles hors période de floraison :
    •   Pulvérisation de savon noir dilué dans l’eau (à 5% max). Il faut faire attention à traiter la face interne des feuilles.
    •   Pulvérisation d’extraits fermentés d’ail, de fougère aigle, d’ortie, rhubarbe, tanaisie (voir une documentation pour les dilutions).
    •   Pulvérisation d’infusions de menthe poivrée.
    •   Pulvérisation d’argile (kaolinite, montmorillonite, bentonite) qui agit comme un répulsif. Cette argile crée une barrière minérale à la surface du végétal qui gène et repousse les adultes qui ne peuvent pas pondre
    •    Traitement aux huiles blanches (paraffine) diluées à 1 ou 1,5 %, dès l’ouverture des bourgeons si la température est supérieure à 10 °C pour détruire les œufs en cours d’éclosion et les jeunes fondatrices.
      Attention à l’usage d’insecticides non sélectifs comme le pyrèthre (même s’il est naturel) qui détruisent tous les insectes, auxiliaires compris.

  • Pour en savoir plus…
– Ouvrages consultables à Vergers Vivants (F) ou à la Fondation Rurale Interjurassienne (CH) :
– Le petit Rustica des traitements bio aux arbres fruitiers – Jean-Luc PETIT (Ed.Rustica)
– Purin et macérations (Ed.Rustica)
– Soigner les plantes par les huiles essentielles et les huiles végétales et minérales – Eric PETIOT (Ed. de Terran)
– Maladies et ravageurs de nos vergers – Station de recherche Agroscope
–  Conseils de Vergers Vivants (F) Retour ligne manuel
–  Conseil auprès des Croqueurs de pommes (F) 
  – Conseils à la Fondation Rurale Interjurassienne (CH)

Crédits photos : Mike aus dem Bayerwald, MedievalRich, Darkone, Gilles San Martin, Alvesgaspar, Eric Steinert, Vergers Vivants.

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