La greffe à l’anglaise améliorée

La greffe à l’anglaise est une technique simple de multiplication. Elle permet de greffer de nombreuses espèces fruitières et d’obtenir de bons résultats. Nous verrons dans cette fiche ses avantages et ses limites, ainsi que quelques conseils pour la réaliser. Vous pouvez retrouver les grands principes de la greffe dans la fiche technique n°14.

Le matériel nécessaire

Le greffoir

La greffe est une opération chirurgicale. Elle nécessite donc des outils propres et tranchants. Pour opérer les coupes, vous aurez besoin d’un greffoir. Sa lame devra être affûtée d’un seul côté, ce qui assurera une coupe parfaitement rectiligne. Au moment de l’achat, il existe donc pour ce type de greffoir des modèles pour droitiers ou pour gauchers ! Vous trouverez des modèles spécifiques à la greffe à l’anglaise (à lame droite), il est cependant possible d’utiliser un écussonnoir sur la partie rectiligne de sa lame (affûtée d’un seul côté) qui sera plus polyvalent.

Pour débuter, il est possible d’utiliser un cutter ou un couteau modifié par vos soins. Quelque soit votre outil, il doit être très tranchant. Il est donc important pour les amateurs de savoir affûter leur greffoir. On utilise généralement une pierre fine avec de l’eau en respectant bien le côté et l’angle d’affûtage initial.


Les liens


On utilise habituellement des flexibandes qui ont deux avantages importants :
-   Bien utilisés, ils rendent la greffe étanche à l’air et évitent ainsi l’utilisation de mastic à leur niveau.
-   Au contact de la lumière, la matière qui les compose se désagrège lentement jusqu’à rompre. Ceci évite que le lien étrangle la greffe après quelques semaines.

 Le mastic


Un peu de mastic souple (ex. Lac Balsam) sera nécessaire pour éviter le dessèchement du greffon.

 Et aussi…


Un sécateur, des étiquettes, un crayon de papier.

La technique

La greffe à l’anglaise consiste à réaliser deux coupes en biseau identiques sur le porte-greffe et le greffon. Il faudra s’assurer que ceux-ci aient le même diamètre. Jusqu’à 10 mm de diamètre, il est possible de réaliser ces coupes, au delà la résistance du bois sera trop importante. C’est donc une technique adaptée au greffage de jeunes porte-greffes. On la réalise habituellement à 15-20 cm du sol soit directement en pépinière, soit plus aisément sur table. Sur le greffon, on conservera entre 2 et 4 bourgeons à bois.

Réaliser cette coupe de manière franche, rectiligne, de dimension identique et rapidement constitue la principale difficulté. Vu de côté, la coupe ne doit pas présenter de vaguelettes. Ce type de coupe est commun à de nombreuses techniques.

Pour la réaliser, nous vous conseillons de maintenir fermement votre rameau avec la main gauche et de couper en tirant votre greffoir avec la main droite en immobilisant le poignet et le pouce (et inversement pour les gauchers). Le bras gauche part vers la gauche, le droit vers la droite. La longueur de votre coupe est induite par l’angle d’attaque du greffoir. Plus cet angle est ouvert et plus la coupe sera longue. Il faut chercher à avoir une longueur de coupe d’au moins 3 fois le diamètre du morceau.

Avant de débuter, il est important de s’entraîner, de faire « des copeaux » dans un morceau martyr. Lorsque vous réussirez à faire des copeaux longs et réguliers, vous pourrez vous lancer. Repérez deux sections de diamètre identique, commencez alors par le greffon, puis le porte-greffe.

Attention : « le mieux est l’ennemi du bien. » Il vaut mieux deux coupes rapidement exécutées sensiblement de la même longueur que deux coupes parfaitement identiques mais réalisées en 15 minutes !

Ainsi, en ligaturant ces deux morceaux, il est possible d’obtenir de bons résultats.

Compliquée ou améliorée ?

Une variante existe pour faciliter la ligature des deux éléments et augmenter la zone de contact des cambiums (voir FT14). Souvent dénommée anglaise « compliquée », nous préférons, comme nos amis suisses, la qualifier d’anglaise « améliorée ». Ainsi, à 1/3 de la pointe du biseau, il faut procéder à une refente longitudinale des deux morceaux.

Ainsi, ils pourront s’emboîter l’un dans l’autre et se maintenir pendant la pose du flexibande.
Le flexibande doit couvrir la totalité de la plaie. A chaque tour, il est légèrement superposé (comme une guidoline de vélo) pour maintenir l’étanchéité à l’air. L’extrémité du flexibande repasse dans la dernière boucle pour la maintenir en place. Pour terminer, il est important de mastiquer l’extrémité du greffon pour éviter son dessèchement.

Quand et quoi greffer à l’anglaise ?

Espèces fruitières Période
Cerisiers
Pruniers
Mi-septembre*
Avril**
Pommiers-Poiriers-Cognassiers- NéfliersMars-avril*
NoyersAvril*
*Au printemps, on utilise des greffons prélevés au mois de janvier ou février puis stocker (voir FT14)
** A la fin de l’été, les greffons sont prélevés, effeuillés puis rapidement utilisés.

Après avoir réalisé votre greffe, n’oubliez pas d’y apposer une étiquette pérenne mentionnant la variété mais aussi le porte-greffe choisi. Surveillez bien vos scions. Vous saurez que votre greffe a réussi lorsque le scion portera de belles feuilles bien développées (le débourrement peut se faire sur les réserves du greffon avant qu’il ne sèche).

En cas de non reprise, ne vous découragez pas et persévérez !

Pour aller plus loin…

Ouvrages
> J’apprends à greffer mes arbres fruitiers – Alain Pontoppidan (Ed.Terre Vivante)
> Le greffage et la plantation des arbres fruitiers : Les techniques les plus actuelles – Evelyne LETERME (Ed. du Rouergue)

Conseils à la FRIJ (CH), Vergers Vivants (F)